Sectionnés dans les forêts d’alpage pendant les semaines précédentes,
poncés puis peints aux couleurs de l’Etat Libre, ils sont ensuite patronnés jour
et nuit par des grappes de jeunes gens. Le défi consiste à dérober le mât de la
paroisse voisine, afin d’empocher l’enjeu qui se monnaye en fûts de bières,
cochonnailles ou défilés de jeunes filles en tenues légères (pour les prises
remarquables).
Le 1er mai, aux aurores, une armée de culottes
de peau sort le mât de sa cachette et le porte à bouts de bras jusqu’au lieu de
montage. Les vergues peuvent toiser 60 mètres, l’effort est donc soutenu.
Confié à la garde des plus jeunes, le Maibaum (arbre de mai) est abandonné par
les manutentionnaires qui vont prendre leur première collation de la journée :
saucisses et salades de patates, arrosées de bière servie à la Maβ (prononcez « masse »),
cette chope en verre carrelé, titrant un litre et portée par poignées de cinq
par de colossales Mädchen. Il est environ 9h du matin.
Pendant que les hommes cassent la croûte, les femmes en tenue
tressent la couronne de branches de sapin, dans laquelle seront glissés des rubans
multicolores.
Commence alors une sérénade huilée, codée et mystérieuse :
les hommes glissent sous le pilier des perches entrelacées, agencées à distance
réfléchie en commençant par les abords du sommet et élèvent lentement le mât en
ajoutant des perches de plus en plus près du fondement. Un relai s’établit,
permettant aux éreintés de rejoindre le buffet. Les fûts de bière sont à moitié
asséchés lorsque la verticalité est annoncée par le laborieux le plus sobre.
La parade peut alors commencer !
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