dimanche 22 avril 2012

A voté !

Les quatre bureaux de vote des français de Bavière ont ouvert ce matin à 8h. Nous sommes 46 000 inscrits au consultat. Faites vos calculs...

Lorsque la smala Brossier, vélocipédiquement  acheminée, a atteint l’école française un peu avant 8h10, sous une légère bruine, deux cents hominidés en imperméable temporisaient, dressés sur leurs pattes de derrière, à l’extérieur du bâtiment.

Les fins de liste alphabétiques étant considérablement plus développés que les débuts de liste, madame avait voté à 8h40 tandis que monsieur faisait encore le planton devant les portes.  Une heure plus tard, « a voté » !

 Dire que voter est un devoir civique…

mardi 17 avril 2012

Des transhumances

Les intermèdes plaisanciers permettent aux bavarois d’adoption d’assouvir leur chasse héliantivore, en visée des layons où se produisent le plus fréquemment les rayons du soleil. Avides d’un départ hâtif, voici nos aventuriers ensemencés dans les embâcles munichois, empruntant un Korridor tyrolien aux entours du lac de Constance, puis infiltrant le territoire helvète à la recherche de l’inappréciable vignette qui agrée la circulation sur les artères de la fédération. Avisant un panneau de transit, nos voyageurs s’enrôlent sur une aire assignée aux 38 tonnes ; l’Espace, pourtant spacieuse, y fait office de chaloupe au milieu des super tankers. De vignette point, mais un seuil inédit aux suisses avenues, sans acquittement de l’octroi présagé. 

Qui ne sait les autoroutes helvètes à la sortie des bureaux de Zurich ? Prenez un retour de Normandie un dimanche soir de mai, ou un fameux samedi enneigé au péage de Saint-Arnould, cousins timides du capharnaüm évoqué. Nous optons pour une bretelle bernoise dans un patelin moyenâgeux, attifé d’un pont en bois bardé, de ruelles serpentines, de fraiches fontaines… et d’une auberge turque. Les enfants, ensachés dans la voiture entre les fûts de bière, déambulent et apprécient leur premier diner de vacanciers, prodigué par un serveur contemplatif. L’épopée, via Genève, s’achève au mitan de la nuit au nord de Chambéry où les conducteurs, lessivés, rechargent leurs accus.

Amis chers et parents, nature éveillée et instants de fraîcheur…   

Dix jours girondins suscitent des envies de montagne. Cap sur la yourte du Verdon où, accueillis par Vanessa et la petite Alice, les voyageurs découvrent les délices de l’Extrême-Orient : inoubliables brioches tièdes et madeleines au chocolat ! Randonnées à couper le souffle et nuits chaudes dans nos divans mongols, aux pieds des collines enneigées.

Quatre aubes plus tard, le transhumant cortège longe la côte génoise, coupe la plaine du Pô, vire au nord de Venise et franchit la barrière alpine en Autriche. Le soleil n’a pas suivi à Munich, et pourtant nous rallions notre logis avec contentement. Viel Spaß !


mercredi 22 février 2012

Sur le sacro-saint modèle allemand…

Vos écoutilles sont rabattues de dépêches exaltant le modèle allemand et exhortant nos compatriotes à opter pour les mêmes pratiques de décision et de vie. Or vu de Bavière, où la vie est douce et aisée pour la communauté française sise en observatrice, les positions locales ne sont pas toujours optimales. Composez donc votre appréciation…

Le parangon germanique est en vérité un camaïeu de modèles. Nos rédacteurs invoquent habituellement les données des Etats de l’ancienne Allemagne de l’Ouest, et en particulier de Bavière et de Bade-Wurtemberg où le chômage effleure apparemment le seuil dit structurel de 4,5 %. Ces quantièmes dissimulent les arrangements à temps partiel (presque 40%), en général destinés aux mères qui aspirent à consacrer à leur enfant (notez le singulier) la moitié de leur jour puisque l’école s’achève à 13h et que les légendaires activités sportives et culturelles ont été privatisées à l’heure de la réunification, faute de pécule pour déployer ces mesures.

Remontant aux années 80, l’idée pionnière des Schlüsselkinder (enfants ayant autour de leur cou la clé de chez eux) s’est brisée sur le constat que les gamins ne refluaient pas toujours chez eux, ou dévalisaient sucreries et boissons du frigo domestique.

Il était donc temps de réaffirmer l’autorité parentale (enfin… maternelle) dans un terroir où le système éducatif sélectionne les enfants à 10 ans (à l’issue de notre CM1) pour les orienter qui en école professionnelle, qui en école technique, qui au lycée, cette dernière option avoisinant 15% en Bavière. Les passerelles après le tri sont rares et exigeantes, c’est pourquoi dans les familles qui visent exclusivement les études supérieures, les bougies enfantines entre 7 et 9 ans s’accordent avec pression, cours de soutien et entraînement intensif.

Reconnaissons que pour les recalés de l’examen, l’orientation en dehors du lycée n’est pas irrémédiablement synonyme d’échec puisque les professions manuelles sont bien considérées, à condition cependant d’avoir une charge dans une grande entreprise valorisante. En dehors du système des industries de pointe, vecteurs de qualité et de stabilité, les autres emplois sont cantonnés à des salaires faibles et des conditions précaires. Le système fédéral ayant abandonné le maintien d’un salaire minimal, insoutenable pour les Etats de l’ancienne RDA, nombreux sont les contrats autour de 4 euros de l’heure, voire moins. S’y ajoutent de nombreuses heures payées au noir, pour les petits boulots du quotidien.

Le citoyen français s’interroge alors : en l’absence de prélèvements obligatoires substantiels, comment le gouvernement finance-t-il les infrastructures et les dépenses collectives ? Eh bien, il ne les finance pas. En témoignent l’état des routes, des métros, les chambres collectives à l’hôpital, la situation démographique préoccupante, la participation des familles aux frais de scolarité et bien d’autres marqueurs. Pourtant, les infrastructures ne sont ni sales ni délabrées, car les allemands les respectent et le les endommagent pas : elles représentent un patrimoine dont ils sont redevables. Ne parlons pas cependant de patrimoine collectif, tant l’idée même d’un destin commun est absent de l’idéologie de nos hôtes. Absent et même étranger : tout ce qui vient de l’Etat est mis en doute, discuté, contesté au cours de soirées interminables de débats publics dont les annonces sont affichées dans les rues. Ces derniers mois, plus d’un débat par semaine était organisé sur les droits et devoirs de l’Allemagne en Europe, au regard du sauvetage des finances grecques. Toute initiative impliquant la mise en avant de l’Allemagne sur le plan mondial ou même national est voué à une riposte intestine immédiate et virulente.

En apparence, les meneurs d’opinion proviennent de la plèbe, cependant les décisions authentiques sont prises, comme ailleurs, dans les cercles de bonne compagnie, forums avisés et feutrés où la cylindrée de la Porsche prend valeur de quartier de noblesse.



Alors, pourquoi érige-t-on l’Allemagne en modèle ? Pour la propreté et la quiétude de ses contrées, pour la courtoisie et la patience (pas toujours instinctives) de ses habitants, pour leur penchant à la préférence nationale – le Made in Germany (voire in Bayern pour les Bavarois) - qui auraient en France des relents extrémistes parfaitement tolérés ici, pour la docilité (relative) des travailleurs à qui la parole est donnée mais qui ont constaté, par les remodelages récents de l’économie, la chute vertigineuse de la valeur des opinions.

Le développement individuel est l’intention véritable du modèle germanique : si pour les femmes « les trois K » (Küche, Kinder, Kirche = Cuisine, Enfants, Eglise) sont un peu dépassés, le nouvel acronyme est HAAU pour les deux sexes : Heim, Arbeit, Auto, Urlaub (Maison, Travail, Auto, Vacances).



Vérité en deçà du Rhin, mensonge au-delà ? Disons qu’il est urgent de réfléchir avant de transposer un tel paradigme dans une France qui cultive une vision universaliste et qui chérit la liberté de contester pour préserver, au fond, un projet commun.

dimanche 29 janvier 2012

Flocons et boules de neige

Avec les flocons quotidiens et le mercure calé au négatif, notre aptitude à la conduite sur les lames pétrifiées s’est indurée, jusqu’à concéder des échappées en état troublé.
 
Ainsi la fraîche promenade vers l’hôpital (samedi aux aurores), lorsque j’escortai, sous la bourrasque laiteuse, un Théo aux pointes vigoureuses indisposées. Moins d’un tour d’horloge plus tard, il était admis au bloc opératoire.

L’épisode s’est conclu favorablement, cependant nous aurons à cœur de susurrer aux parents de damoiseaux quelques recommandations pour déjouer de telles alarmes.

 Autres divertissements au crédit de la neige : de nombreux dévers en luge et un igloo familial, des veillées « ski de randonnée et agapes » pour Patrice, un brevet de pelotes de neige pour les autres ; les pelletées du matin, les pelletées du soir ; les graviers, raflés sur les trottoirs par nos chausses démesurées, et les canardières d’eau glacée qui se forment dans le sas d’entrée.  


Viel Spaß







lundi 16 janvier 2012

Et soudain le firmament s’obscurcit.

Depuis notre immersion bavaroise, nous avions invoqué les esprits de l’hiver, ébroué maints gri-gris, valsé sous les conifères les soirs de pleine lune ; en vain. Les flocons parfois dansottaient, bardaient les accotements de quelques pouces argentés, et l’hiver détalait.

Vendredi dernier, à la tombée de la nuit (16h25, donc…), l’horizon soudain s’obscurcit, l’éther s’épaissit et du firmament churent de minuscules pelotes pesantes et affilées. En français le vocable « mi neige mi grêle », à ma connaissance, reste à inventer.

Eparses en préambule, puis fourmillantes, et enfin innombrables, en rafales horizontales, virevoltantes, instables… en une minute, la circulation en pleine ville, pourtant dense, s’est brusquement démêlée : je me retrouvai seule sur la chaussée, ou plus exactement isolée dans le mètre entourant l’héroïque Modus, périphérie suprême du champ visuel disponible à cette heure.

En moins de temps qu’il ne faut pour le transcrire, toutes les berlines alentour avaient viré au blême uniforme, plus de légende routière. Rupture momentanée du fil d’Ariane, rideau (blanc).

Au répertoire sonore, l’union du vacarme des vents et du silence molletonné des floches.

Du fond du sac à main, précieux, transi, mes doigts ont délivré le sésame de nos premières errances en pays d’exil : l’écran du GPS…

vendredi 9 décembre 2011

La scie, la carotte et le bretzel

Au « deuxième Avent » s’amorce la quête du compère des jubilés de la Nativité, conifère vigile des largesses et des illuminations hiémales.

Nous avons donc mis cap sur Unterweikertshofen pour une odyssée forestière en charrette, puis une randonnée familiale, sciotte au bras, au mitan d’une futaie de résineux. Le suffrage ayant distingué un baliveau fourmillant, aux ramures élégamment distribuées, les aspirants bûcherons (7 et 10 ans) ont amené le titan à croquer ses copeaux.

Le pivot toisé, apprécié, empaqueté a ensuite escorté le retour des badauds dans la carriole chamarrée.

Il est coutumier de fortifier son organisme après une excursion. Un avenant village de maisonnettes a accueilli les dévalés du halage, afin de les rassasier de saucisses grillées, soupe aux lentilles, gaufres et vin chaud dégustés debout, autour d’une flambée, ou installés sur des causeuses taillées à même les souches.

 L’Avent se prolonge par la ronde de Sankt Nikolaus dans les chaumières, dans la nuit précédant le 6 décembre. Aux gamins pondérés et diligents, l’évêque bienfaisant dispense sucreries et présents. Aux indisciplinés, il dépêche le compère Fouettard. Rusés, les enfants tentent d’amadouer le vaillant bienheureux (et sa mule) en disposant sur le seuil une carotte, un sucre et un verre de vin chaud. Le lendemain, le prélat revient dans les écoles, coiffé de mitre et brandissant crosse, sonde chaque écolier sur son attitude, prodigue conseils ou réprimandes puis remet la rituelle musette : l’orange, les chocolats, une bougie et l’étoile de Noël.

Enfin, pour s’acclimater aux banquets à venir, les pâtissiers novices pétrissent (et grignotent) les innombrables Plätzchen et bâtissent leur maison en pain d’épices.

Viel Spaβ !


samedi 3 décembre 2011

Salamandre et pédibusripage

Au déclin du 25 novembre, les lumières de l’Avent s’embrasent sur la cité entière. Les échoppes des Christkindlmärkte (marchés de l’enfant Jésus), édifiées depuis plusieurs semaines, ne se découvrent qu’au seuil du « premier Avent ». Nulle chinoiserie sur les étals ; Sainte- Famille et augets sylvestres, sphères cristallines et luminaires chamarrés… Pour se ravigoter, Plätzchen* gourmands, brochettes de fruits ensevelis sous le chocolat et Glühweine ou autre Kinderpunch, philtres bouillants, épicés et vaporeux que l’on déguste debout, attablés sous des fermettes en sapin ornées de tresses de feuillage.

Au détour d’une ruelle se déroule une aire de pédibusripage. Ailleurs, c’est un kiosque à musique, ou une crèche vivante.  Tout est en place pour l’attente de Noël… hormis la neige qui se fait désirer ! Or les fardiers familiaux ont été acclimatés pour la surgie des floches, boyaux d’hiver et revêts nocturnes, et les anciens occitans enharnachés de pelisses tenaces aux atmosphères polaires. Enfin, une salamandre adhésive a été établie derrière les croisées du jardin d’hiver, afin de dispenser aux quidams domestiques l’indication salutaire : en fonction des Celsius, élisez votre blindage !


Fröhliches Weihnachtszeit !
*sablés